28.9.10

Hyper-sensibilité, hyper-exigence

D'une manière ou d'une autre je suis hyper-sensible. En fait c'est un peu étrange car peu de choses me tiennent à coeur, mais sur ces choses là j'ai une sensibilité exacerbée. D'autre part on peut sûrement aussi dire que je suis hyper-émotif, au sens où dans une situation sociale particulière, tendue ou gênante, je vais la vivre avec plus d'intensité que la moyenne. C'est paradoxal car j'ai toujours dit que j'étais à la limite de la désactivation émotionnelle et sentimentale. Dès lors comment expliquer ce paradoxe ? C'est vraiment complexe.
Une première piste est que la désactivation se produit à posteriori, je peux traiter à peu près n'importe quelle situation, une fois qu'elle est passée, avec la tête froide. L'analyser correctement, prendre les bonnes décisions, déterminer ce qu'il aurait fallu dire (mais c'est trop tard). Bon, rien de forcément extraordinaire ici, j'imagine bien que tout le monde peut plus facilement analyser à posteriori que pendant. Disons peut-être que chez moi c'est décuplé.
Par ailleurs il faut quand même noter, et j'en ai déjà parlé, que parfois j'analyse à l'intérieur même des instants. Cela m'a fait écrire à plusieurs reprises que je n'arrivais pas à vivre certains instants. Sauf que lorsque ça se produit c'est qu'il ne s'agit pas des moments critiques ou sensibles.
Ce paradoxe de sensibilité dans des situations et d'insensibilité au moment de les analyser rejoint assez cette note où j'avais parlé du paradoxe entre mon empathie et ma misanthropie. Toujours est-il que les deux existent : une hyper-sensibilité dans certains cas, et une désactivation et une aversion pour tout ce qui est sensoriel le reste du temps.

Par ailleurs je suis aussi hyper-exigeant. Vis à vis d'autrui mais aussi (et sûrement surtout) vis à vis de moi-même. Il faut progresser, il faut chercher à faire de son mieux, et si possible chercher à faire progresser l'ensemble, les autres. Tous ceux qui vivent se posent au moins une fois la fameuse question "Pourquoi ?". Pour progresser et faire progresser semble déjà une réponse évidente...
Figurez-vous quelqu'un qui ne cherche pas à progresser. N'est-ce pas désespérant à un point tel que c'est difficile à imaginer ?

Donc hyper-sensible, hyper-exigeant, et bien sûr aussi hyper-lucide. L'association de ces trois qualités/défauts engendre de grandes difficultés.
La lucidité est censée permettre de se rendre compte de si un objectif a été atteint ou non, d'analyser pour quelles raisons, ce qui pourrait être amélioré, s'il y a des circonstances atténuantes, etc.
Prenez quelqu'un de très exigeant mais peu sensible : même lorsqu'il échoue il n'en souffre pas tellement car il est peu sensible.
Prenez quelqu'un de très sensible mais peu exigeant : il échouera forcément rarement (ou considérera rarement qu'il a échoué) puisqu'il est peu exigeant.
Mais très exigeant et très sensible cela donne des objectifs exigeants, donc difficiles à atteindre, donc des échecs, donc des souffrances, souffrances exacerbées par la grande sensibilité.
La lucidité peut aider un peu, elle peut par exemple indiquer que l'exigence était très grande (ou trop grande) mais la réalité ne change pas pour autant : elle n'a pas été réalisée. La lucidité peut donc émettre un bémol mais pas changer la situation.

Bien sûr je pourrais aussi écrire sur mon apathie, ma procrastination inarrêtable, mon fantômatisme, mon aversion inchangeante de la gestion des tâches quotidiennes, mon manque d'envie, mes migraines chroniques, mais il n'y aurait là rien que du déjà connu.