6.6.10

Élucubrations ferroviaires

Six heures de trajet en train devant moi en ce samedi après-midi. Cinq minutes avant le départ c'est le drame : 21 enfants de 9 ans déboulent dans ma voiture. Des enfants j'en vois toute la semaine, si je pouvais éviter d'en entendre encore le week-end... Il me faudra pourtant près d'une heure avant d'enfin décider de déménager. Au moment même de le faire, les enfants dans le passage et les secousses du TGV me font trébucher et je me cogne un peu violemment le front à un mur. Belle bosse, sales gosses. Et quelle ironie...

Mon voisin suivant écoute de la musique trop fort. Comment est-il possible d'écouter une musique répétitive en boucle ? Pourquoi pas un truc qui varie ou qui vit ? La vie n'est-elle pas déjà assez répétitive en elle-même ? Il me faudra 25 minutes avant de décider entre lui demander de baisser et déménager à nouveau. J'ai évidemment changé de place.

Comment les gens supportent de dire bonjour, et par dire bonjour j'entends ici faire la bise ou serrer des mains, à des groupes de 10, 15, 20 personnes ? Bonjour... et aussi au revoir ! Dès que je peux je fais un signe de la main à tout le monde et fuis. Cela peut également fonctionner à l'arrivée, un "bonjour tout le monde" par exemple.
Il se trouve que même avec une seule personne j'ai parfois du mal. Pourquoi il y aurait systématiquement un contact physique ? Comme on me l'a fait remarquer ce contact physique exprime un sentiment : bienveillance pour un patron à son employé, affection entre deux membres de la même familles. C'est probablement l'expression d'un sentiment (physiquement qui plus est) qui me rebute.
Plus jeune je me souviens que j'allais plus loin : pourquoi se dire bonjour ? Pourquoi ne pas entamer directement par ce qu'on veut dire ? Maintenant je vois que c'était exagéré et infaisable. Par contre le contact physique systématique est une hérésie.

Pourquoi les tarifs du bar dans le train sont indécents ? Il est scandaleux de profiter de cette situation de monopole pour assommer les consommateurs. Scandaleux de faire croire qu'avoir la possibilité de se restaurer durant un trajet en train relève d'un grand privilège. Scandaleux d'autant plus que le tarif des billets est déjà exorbitant. Scandaleux enfin d'autant plus que tout cet argent sert en partie à financer les salaires de personnes - pas toutes - qui glandent pas mal. Payer par exemple un jambon-emmental 5 euros ou une canette de coca 3 euros, pour rémunérer un mec qui est en train de surfer sur internet pour son bon plaisir, ou même un autre - pas forcément dans un bureau - qui est consciencieux dans son travail mais qui touche 20% de plus qu'un homologue d'une autre boîte et qui en plus a des réductions massives sur les billets de train, oui c'est choquant au plus haut point.

Passivité et stress augmentent les difficultés à vivre.
Passivité : ne pas oser s'exprimer lorsque quelque chose nous gêne. Comme ne pas dire à son voisin de baisser le volume de son baladeur, comme ne pas réveiller celui qui vous empêche de dormir parce qu'il ronfle, comme ne pas lutter pour son espace ou sa liberté de base.
Stress, anxiété, comme avoir du mal à s'endormir en présence d'autrui, s'angoisser à l'idée d'arriver en retard, se méfier des gens et de la vie en général.

Sérieux problème d'arna avec les interactions humaines. Ne reste même pas 24h de plus avec des personnes qu'il connaît depuis des années.
Sérieux problème d'arna avec les conversations qui durent un peu, ennui à l'intérieur même.
Sérieuse crainte d'arna de se déplaire dans tous les endroits du monde, à cause de la nature humaine profonde, pas de ce qu'il y a en surface. Même s'il faudra sûrement essayer tout de même.
Arna devra-t-il continuer de se noyer dans l'abstraction ? Il n'y a pourtant là aucun but autre que celui d'échapper à la réalité. Quel objectif...
Doute énorme d'arna quant à la possibilité d'une relation. En fait ce n'est même pas un doute énorme, c'est très proche d'une certitude que ça ne peut pas marcher. Le sensoriel, à voir, un effet physique, c'est sûr, mais par rapport à ce que je suis et mes idéaux ? Est-ce positif que le sensoriel efface les idéaux ? On en revient à la progression de l'humanité. Le monde occidental en est à l'étape de la jouissance. Jouissance sexuelle, jouissance sensorielle, jouissance matérielle. Mais quelle place pour l'esprit ? Pour l'intellect ? Pour la recherche d'harmonie mondiale ? Comment l'humanité peut-elle viser autre chose qu'une progression globale, profitant à un maximum d'individus ? (maximum car "tous" doit être trop utopique)
L'humanité ça veut dire qui ? Quelques êtres seulement... Car quelques êtres seulement tentent de faire progresser des choses. Pourquoi pas plus, infiniment plus, que quelques êtres ?